Phobie d’impulsion : la peur de commettre l’irréparable
La phobie d’impulsion est intrigante. Elle consiste en la survenue inopinée de pensées intrusives et envahissantes, souvent inavouables, de visions négatives ou violentes. Qu’est-ce que la phobie d’impulsion, d’où vient-elle et comment s’en débarrasser ? Explications
Sommaire
- Qu’est-ce que la phobie d’impulsion ?
- La peur de soi-même
- Phobie d’impulsion et passage à l’acte
- D’où viennent ces pensées intrusives ?
- Quelles sont les conséquences de la phobie d’impulsion ?
- Comment se défaire de la phobie d’impulsion ?
Qu’est-ce que la phobie d’impulsion ?
« C’est apparu comme ça, une phrase qui tournait dans ma tête, qui me disait de me faire du mal ». Ce que décrit Julie (dont le prénom a été modifié), est un symptôme de la phobie d’impulsion dont elle souffre depuis son enfance. « J’étais très attirée par les couteaux et les objets tranchants, je me voyais me les planter ». Elle y est également confrontée lorsqu’elle est au volant : « Qu’est-ce que ça ferait si je conduisais dans le fossé ? ». Pour elle, les pensées intrusives semblent la pousser à se faire du mal. Cependant, cela peut être également le cas pour des pulsions violentes ou malveillantes envers les autres.
Quelle qu’en soit la destination, ces « flashes » peuvent être inquiétants. Ils semblent apparaître comme une volonté d’accomplir un geste, mais en réalité, il n’en est rien. Ils sont généralement très culpabilisant, les victimes se demandant, malgré leur respect, leur amour et leur bonne volonté, comment elles peuvent être amenées à imaginer tant de violence ou d’incorrection. La phobie d’impulsion est souvent accompagnée d’un syndrome de dépersonnalisation et de déréalisation, comme une sensation de se détacher de son propre corps et d’être spectateur de sa vie.
Trouver du soutien auprès des autres peut alors devenir compliqué. « Cela s’est suivi de crises d’angoisses, j’avais peur d’en parler, de peur de passer pour une folle, de ne pas être comprise ».
La peur de soi-même
« Je sais fondamentalement, au fond de moi, que je ne ferai jamais cela. Mais ces pensées m’envahissent et reviennent continuellement. »
La phobie d’impulsion est guidée par l’anxiété et prend racine dans la peur d’accomplir de mauvaises choses. Pour éviter d’en arriver à de tels points, le cerveau, au travers de ces flashes, envoie des images aux victimes montrant le pire qu’elles pourraient commettre à ce moment précis, dans le but de s’y préparer. Au travers de ce TOC, notre cerveau tente de limiter les pulsions violentes en poussant les phobiques à se concentrer d’avantage sur leurs actes.
Ce trouble est à différencier de la schizophrénie et de la bipolarité. Si les images envoyées par le cerveau sont bel et bien à dissocier de la réalité et de la volonté de la personne qui en souffre, cette dernière est toujours consciente que ce qu’elle traverse n’est pas la réalité. Ce n’est pas non plus le signe d’une « double-personnalité ». Elles sont conscientes qu’elles souffrent d’un trouble et que ce qu’elles voient n’est pas « normal ». C’est ce que l’on appelle l’égodystonie.
Phobie d’impulsion et passage à l’acte
Dans la majeure partie des cas, les personnes souffrant de phobie d’impulsion ne passent pas à l’acte. Même si elles n’en ont pas la connaissance, elles savent qu’elles sont victimes d’un trouble qui les pousse à voir ce genre d’images et qu’elles n’ont aucunement l’intention de les réaliser.
Notez bien que les pensées intrusives sont des obsessions impulsives contre lesquelles leurs victimes luttent. Elles deviennent alors une source d’anxiété, car elle sont envahissantes et souvent embarrassantes.
D’où viennent ces pensées intrusives ?
Les pensées intrusives sont en réalité tout à fait normal. Tout le monde peut en être victime, par exemple, en se promenant à quelques mètres du vide, se voir s’y jeter. Elles ne deviennent un problème que lorsqu’elles deviennent handicapantes et socialement invalidantes. Les jeunes parents, ajoutant beaucoup de nouvelles responsabilités à leur quotidien et se trouvant souvent dans un état de fatigue et de stress intenses sont également très sujets à ce genre de pensées.
Les traumatismes vécus lors de l’enfance peuvent également donner lieu à la phobie d’impulsion, considérée comme un trouble anxieux. En effet, un traumatisme violent peut modifier les structures cérébrales. Le cerveau va alors essayer de s’adapter à la situation et se construire en dépit de ce qui a été vécu. C’est souvent à ce moment là que les troubles psychiatriques peuvent s’installer (anxiété, troubles de la personnalité, bipolarité…).
Quels sont les conséquences de la phobie d’impulsion ?
La phobie d’impulsion peut conduire à des stratégies d’évitement. Par exemple, une personne régulièrement confrontée à ces images au volant de sa voiture pourrait être amenée à ne plus l’utiliser pour éviter d’y être confrontée à nouveau. Elle peut également aggraver des pathologies déjà présentes, telles que la phobie sociale ou les crises d’angoisses.
Cela peut également engendrer des comportements compulsifs (TOC). En outre, la vérification qu’aucun acte malveillant n’a été commis. Ces comportements de vérification, bien qu’ils ne soient pas négatifs à première vue et qu’ils permettent d’apaiser temporairement l’angoisse d’avoir fait quelque chose de mal, peuvent rapidement prendre une place trop importante dans le quotidien.
Comment se défaire de la phobie d’impulsion ?
La phobie d’impulsion est un TOC. Elle nécessite donc, pour être traitée, d’être prise en charge par un thérapeute spécialité et formé en thérapies cognitives et comportementales. La psychanalyse n’a, pour l’heure, pas fait ses preuves pour soigner les pensées intrusives. C’est pour cela qu’il est important de trouver un praticien habitué au traitement des TOC.
D’autres méthodes peuvent constituer des compléments de traitement intéressants, comme la méditation, l’EMDR ou l’hypnose. Dans certains cas, un traitement médicamenteux peut être prescrit, en particulier si la phobie d’impulsion s’accompagne de dépression ou d’anxiété.
Si vous souffrez d’anxiété, faites vous aider par un professionnel de santé. Rendez-vous également dans la rubrique « Anxiété » du site. Vous y trouverez des astuces, explications, conseils et méthodes pour vous en défaire au quotidien !
